Les archives de Pierre Gamarra contiennent notamment les premiers vers du poète, rédigés dès 1935. Dans le recueil La lune dans ton sac, sont reproduits (p. 41) trois feuillets manuscrits extraits d’un petit recueil de 1936. Ce recueil comporte une vingtaine de pages de poèmes écrits à l’encre, souvent raturés et parfois accompagnés de petits croquis.
« La fontaine », poème publié dans La Lune dans ton sac, est extrait de ce carnet de la fin des années 1930, comme le sont deux autres poèmes, dont nous donnons ici la primeur : « Viens dans le soir », rondeau de janvier 1937, et « Aube », poème inachevé.
VIENS DANS LE SOIR
Viens dans le soir bizarre et rose
Une flûte pleure très loin
Dans le parfum mouillé du foin.
Une âme pleure en toute chose
Une douleur douce et sans cause
Mon rêve à ton rêve se joint
Viens dans le soir bizarre et rose
Une flûte pleure très loin
La maison sonore repose.
Peut-être verrons nous au loin
Du bois bleu mourir une rose
Que tu cueilleras avec soin
Viens dans le soir bizarre et rose
AUBE
Voilà que doucement le ciel se damasquine
Que l’ombre des lilas frémit sur le vieux mur
Et que les vents ont apporté le rire pur
Des dames du matin secouant leur basquine
Le verger est empli de fraîcheurs marasquines
Une cloche a sonné vers le soleil et sur
Le jeune poète fait ici « ses gammes ». Il s’essaie à des formes classiques (un rondeau, pour « La fontaine » comme pour « Viens dans le soir ») et est attiré par la sonorité de mots peu usités. Il montre déjà son goût pour l’évocation du détail de la nature .