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1948 : Pierre Gamarra reçoit le Prix Charles-Veillon

En février 1948, le jury du « Concours international du Roman de langue française » décerne le Prix Charles-Veillon à Pierre Gamarra pour son roman, alors inédit, La Maison de Feu.
Le jury était constitué de neuf écrivains, tous de langue française mais de trois nationalités : les français André Chamson, Louis Guilloux, Louis-Martin Chauffier et Vercors, les belges Franz Hellens et Robert Vivier, et les suisses Charly Guyot, Léon Bopp et Maurice Zermatten. Il était présidé par Chamson et se réunit les 7 et 8 février en Suisse, dans le canton de Vaud, à La-Tour-de-Peilz. Le roman est lu par les jurés dans une version de « manuscrit » ; le jury le choisit à l’unanimité.
L’ouvrage avait été sélectionné sur proposition de Chamson et Guilloux — un écrivain pour lequel Pierre Gamarra a, par ailleurs, la plus grande admiration —. Franz Hellens, alors malade et donc retenu à Bruxelles, votera par correspondance pour Pierre Gamarra. Le prix sera remis à l’auteur, à Lausanne, par la suite, et le livre publié en France et en Suisse (respectivement aux Éditions de Minuit et à La Baconnière).

Rappelons que La Maison de feu (1948) est le premier roman de son auteur. C’est un ensemble de commencements car Pierre Gamarra est avec ce livre le premier lauréat du Prix Veillon, qui sera décerné annuellement jusqu’en 1971.

Dans un article pour le Journal de la maison Charles Veillon (Lausanne) (numéro de mars-avril 1948), Pierre Gamarra écrivait :

« Je vais retourner à la France, à d’autres ciels et d’autres images, aux briques pourprées de Toulouse, au soleil du pays d’oc, à l’autan. Un livre où j’avais mis mon amour de ce pays occitan et ma confiance dans la vie m’a conduit jusqu’au pays suisse. Est-ce vraiment surprenant ? Non, puisqu’après tout les hommes peuvent se retrouver au-delà des chemins de solitude et des diversités. Je dirais simplement que le domaine français est vaste et fécond et qu’il permet aux hommes sincères, aux hommes de bon vouloir de se reconnaître sous tous ses ciels et de se retrouver, au sens large et réconfortant de ce mot. »

Charles Veillon, mécène fondateur du prix, expliquait dans ce même Journal de la maison Charles Veillon :

« A la suite des innombrables souffrances provoquées par deux guerres successives, il m’apparaît toujours plus clairement que tous les efforts qui se font pour rapprocher les nations ou les races doivent être soutenus. C’est en effet de l’ignorance presque totale que nous avons encore les uns des autres que naissent les causes des conflits et cette ignorance empêche de trouver des terrains d’entente. C’est pourquoi nous avons fondé ce Prix du roman français, pour faire un premier geste et réaliser une espèce d’entente sur le plan littéraire entre les hommes parlant la même langue ; la langue étant le véhicule de la pensée et le moyen d’expression, il est naturel aussi qu’on la défende. »

C’est également pour cela que, à partir de 1954, le Prix Charles-Veillon se décline également en une version récompensant annuellement un roman de langue italienne  — et qui sera ainsi attribué notamment à Italo Calvino — et  en une autre encore,  pour un roman de langue allemande — qui compte Heinrich Böll et Max Frisch parmi ses lauréats — ; un Prix Veillon en romanche sera aussi décerné, mais seulement en 1967 (pour fêter la vingtième année de sa création).

En 1957, Vercors, l’un des neufs membres du jury de 1948 et l’auteur du Silence de la mer, se souvenait de la façon dont il avait jugé le roman La Maison de feu alors qu’il lui était soumis :

« C’est alors que Paul Budry [écrivain suisse, qui devait participer initialement au jury mais tombe alors malade, pour être remplacé par Charly Guyot] me parla, pour la première fois d’un inconnu, Pierre Gamarra, et de son manuscrit. Je le lus donc, et aussitôt je respirai : nous tenions là un livre digne du Prix. Un de ces livres dans lesquels ceux qui ne sont pas nés dans la pauvreté apprennent l’enfance dans la pauvreté. Ses peines courageuses, ses joies difficiles, les rêves qui aident à vivre, la valeur magique et décevante d’une pièce de deux francs trouvée sous la glace du ruisseau. La lente prise de conscience de l’injustice sociale, longtemps enfouie sous les mirages puérils des richesses de contes de fées. »

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