Nous vous proposons d’écouter lues par leur auteur trois fables, dont deux sont inédites :
- Le zèbre et le cheval
- La mouche et l’Atlantique
La troisième est extraite (p.6-7) du recueil Salut M. de La Fontaine, paru en 2005 aux éditions ART – Le Temps des Cerises et toujours disponible en librairie.
- Le gourmand et la lune
Le zèbre et le cheval
Un zèbre aperçut un cheval
et dit : « Quel est cet animal ?
Sa robe n’a pas de rayures !
Ah ! quelle étrange créature ! »
Mais le cheval voyant le zèbre,
pensa : « Quel est donc ce bestiau ?
Ses bandes noires sont funèbres,
son ventre a l’air d’un gros tonneau ! »
Chacun se croyait le plus beau,
ils avaient pourtant semblable museau.
N’imitons pas ces animaux.
La mouche et l’Atlantique
Une mouche de Paris
prit un avion à Roissy
pour aller en Amérique
en traversant l’Atlantique.
Sans faire beaucoup d’effort,
elle parvint à New York
et s’en fut rendre visite
à des cousins tout de suite.
Très vite, on lui demanda :
– L’avion ne vous fatigue pas ?
– Votre question est comique,
dit la mouche à ses parents.
Pour franchir le grand océan,
je me suis servi seulement
de mes ailes. C’est très pratique.
– Ah ! s’écrièrent les cousins,
en applaudissant des deux mains,
quelle audace, quel courage !
Racontez-nous ce voyage.
– Voici. J’ai foncé tout d’abord
malgré des ouragans très forts
jusques au Pôle Nord,
puis, traversant de noirs nuages,
j’ai filé vers les parages
du Labrador.
Ah ! quel terrible décor !
J’ai salué des baleines,
des morses, des icebergs,
des requins aux dents de fer
et, volant à perdre haleine,
j’ai rejoint le bord de mer.
Alors, sans perdre une seconde,
j’ai voulu vous serrer la main.
– Vraiment, lui dirent les cousins,
vous êtes championne du monde.
Vous moquant du chaud et du froid,
vous avez parcouru, ma foi,
la moitié de la terre ronde.
Toute seule ! Quel bel exploit !
Partout, il faut qu’on vous connaisse,
nous allons avertir la télé et la presse.
J’ignore quelle fut la fin
de cette histoire
mais je sais que de vrais coquins
comme la mouche laissent croire
à certains exploits fabuleux.
Les autres les ont faits pour eux !
Le gourmand et la lune

Un gourmand, nez au vent, errant dans la campagne
par une douce nuit d’été,
aperçut un rond de clarté
sur les eaux couleur de champagne
d’une paisible mare. Alors, il s’approcha
et sur l’herbette se coucha
puis tendit ses deux mains vers l’onde,
disant : – Je vais cueillir la belle crêpe blonde
qui flotte là-devant et qui n’attend que moi.
Est-ce une fée ou bien quelque lutin des bois
qui vint la déposer pour que je la déguste ?
Il se poussa plus loin, s’allongea plus encor
et, tout juste
au moment de saisir la fine crêpe d’or,
dans la mare il plongea, ne gardant dans ses paumes
que les reflets mouillés d’une crêpe fantôme.
Ce gourmand n’est pas seul au monde, car souvent
on prend l’image de la lune
pour une crêpe blonde. On croit faire fortune :
c’est de l’eau que l’on pêche ou bien un peu de vent.
Merci pour ces bonnes fables drôles et pleines de sagesse et que c’est émouvant de retrouver sa voix chaude qui dit les fables avec un remarquable talent , il nous manque
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