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Autour d’un livre inédit en français d’Alexandra Tvéritinova

Dans un texte daté du 19 septembre 1960 et intitulé « Des pages chères à notre cœur », Pierre Gamarra rend compte de Fort-Romainville, un récit d’Alexandra Tvéritinova. Ce livre, écrit en russe, est le récit de l’incarcération de Tvéritinova, sous l’Occupation en France et couvre les annnées 1941-1944. Elle, qui est citoyenne soviétique, se retrouve notamment prisonnière à Compiègne, puis au Fort de Romainville, près de Paris.

Outre l’intérêt documentaire et littéraire de ce récit de souvenirs détaillé et précis, que Pierre Gamarra dit beaucoup aimer, une curiosité supplémentaire, pour nous, aujourd’hui, du compte-rendu Pierre Gamarra est qu’il nous est parvenu … traduit depuis sa traduction en russe par N. Nadedjina. Nous n’avons pas identifié ni trouvé à ce jour une parution ou un manuscrit en français.

Et pour cause. Fort-Romainville est à ce jour inédit dans une traduction en français. Il ne nous parvient, avant sa future édition, que dans la traduction dont Madame Anne Goulko-Poletti nous a transmis un exemplaire, contenant en annexe le texte de Pierre Gamarra en question.

Anne Goulko nous apprend par ailleurs qu’elle est liée par sa grand-mère (Marie Poletti, incarcérée avec Tvéritinova au Fort de Romainville avant d’être déportée à Ravensbrück) à l’auteur du récit, qu’elle a connue, lorsqu’elle n’était elle-même guère plus qu’une toute jeune fille, dans la ville qui est alors Léningrad, en 1968 et 1975.

Anne Goulko, qui vit en France, et que nous remercions pour son envoi et cette belle traduction, nous apprend également qu’elle a elle-même travaillé par le passé pour la revue Spoutnik, notamment comme traductrice. Ce qu’elle nous raconte par ailleurs de ses grands-parents et de la possible rencontre de Pierre Gamarra (en 1957, à Léningrad ?) avec l’auteur de Fort-Romainville est tout à fait passionnant, au même titre que le livre lui-même.

Autre petit mystère : Pierre Gamarra, notons-le, n’a pas pu lire sans aide ce récit dans la langue originale, qu’il parlait mais de façon limitée. Il n’en reste pas moins que dans les deux pages qu’il consacre à ce récit en trois parties, d’environ 150 pages, il le loue pour son absence d’emphase face au tragique et pour l’amour que l’auteur y manifeste à l’égard de Paris et de la France, en dépit des circonstances. Pierre Gamarra va jusqu’à évoquer l’Anatole France de Crainquebille mais aussi « Boule de Suif », Gavroche et Un cœur simple.

Dans l’attente de la parution de la traduction de Fort-Romainville, mais aussi (sait-on jamais ?) d’informations qui viendront compléter ce poignant tableau de l’Occupation et de la vie des prisonnières politiques, nous continuerons de notre côté nos recherches.

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